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« C’est la base, l’essence même du pourquoi j’en suis rendue à écrire cette parcelle de ma vie. »
Du plus loin que je me souvienne, le plaisir gustatif fut une partie intégrante de ma vie. Petite, avec grand-maman, on accompagnait grand-papa dans ses voyages d’affaires, un peu partout dans la province. Le soir... c’était notre moment! Nous sortions, aussi bien dans les grands restaurants chics que chez le p’tit libanais du coin. J’avais 4 ans et déjà plusieurs expériences culinaires dans le gosier. Je me plaisais à demander un Shirley Temple aux serveurs plutôt que de commander un simple 7UP grenadine. Disons que j’étais le genre d’enfant un peu détestable –adorable diraient mes aïeuls – qui trouvait ça cool de déclarer à sa classe : « Mon plat préféré n’est pas le spaghetti, mais plutôt le confit de canard accompagné d’une tartiflette! »
En plus d’être un gourmand au fin palais, mon grand-père, lui, a toujours beaucoup cuisiné. Je l’ai regardé des heures alors que lui, face à ses poêles et ses chaudrons, me tournait le dos. Puis, je l’écoutais me gaver de ses trucs et de ses savoirs culinaires. Entre deux chansons de Brel ou de Brassens, il me révélait l’importance de bien faire réduire ma sauce, tout doucement. Il me disait que tout est toujours meilleur avec de la crème 35 % et m’expliquait comment bien positionner mes doigts vers l’intérieur pour la tranche des légumes. Je le regardais œuvrer dans son petit paradis. C’était beau, c’était apaisant.
Cette histoire avec mes grands-parents est comme le beurre dans une béchamel. C’est la base, l’essence même du pourquoi j’en suis rendue à écrire cette parcelle de ma vie. Mon grand-père représente l’élément déclencheur de mon amour pour la cuisine. Il m’a transmis le plaisir de cuisiner, un pur bonheur que je cherche à partager aux autres.
Carpe diem… La vie de grand-papa et de grand-maman prend un autre tournant. Un de leurs rêves se réalise : ils deviennent aubergistes. La Villa Saint-Louis et le Manoir Breakey faisaient maintenant partie de nos vies. Toujours aux côtés de mes grands-parents, je plonge dans l’aventure. Les saveurs, les odeurs et les textures alimentaires m’enivrent et ensoleillent mes journées. Rapidement, je me fais le petit rat de la cuisine; j’examine, je surveille… et je goûte.
Les retours à la maison après l'école étaient beaucoup plus intéressants que ceux des autres enfants de mon âge. Serveurs, cuisiniers et membres de ma famille grouillaient déjà en cuisine pour la réception du soir. Moi, on me trouvait souvent assise à l'îlot, en train de couper des légumes, à discuter de mes amours et de mes peines avec les chefs Véro et Odette.
Puis vint l'âge de mettre la main à la pâte dans l'entreprise familiale. De la plonge au service aux tables à la supervision des employés, j'ai grandi et appris. Avec grand-maman comme patronne, j'ai rapidement acquis ce qu'était l'étiquette, les bonnes manières et le sens de la minutie. Je me devais d'être une hôtesse hors pair, tout comme elle.
J'ai eu la chance de m'épanouir dans un milieu où j’étais entourée de gens passionnés et passionnants; des gens qui, sans le savoir, auront eu un grand impact dans ma vie et sur la personne que je suis devenue.
Je compare cette partie de ma vie à la farine dans une béchamel. C'est l'aliment qui s'ajoute au beurre pour créer le roux, un processus important qui aide à former la sauce. De plus, la farine c'est nourrissant, tout comme les personnes qui ont croisé mon parcours... À leur manière, elles ont participé à l'épanouissement et à la construction de ce que je suis devenue.
Ainsi va la vie. Je quitte le nid familial et vole de mes propres ailes. J’ai vécu, j’ai rencontré des gens, j’ai aimé, j’ai voyagé, je suis devenue une femme, une maman, une amoureuse…
Avec les années, ma passion pour la cuisine ne s’est pas dissipée : elle s’est transformée. Je n’étais plus seulement spectatrice des papilles gustatives, j’étais celle qui créait, j’étais la chef d’orchestre!
Un sous-sol de maison pour premier appartement, c’est là que j’ai mis en oeuvre ce que j’avais appris lors de mon épisode aux auberges. Colocataire et conjointe comme cobayes, chaque fois c'était la fête! Elles étaient en charge du vin et moi, du festin.
Après quelques années de réussites et de flops, je dirais que j’ai enfin trouvé ma signature. Pour moi, cuisiner c’est mathématique, c’est logique. C’est un équilibre de saveurs, c’est tout. Je ne suis pas chef, je suis simplement gourmande, curieuse et passionnée. Je n’ai pas fini d’apprendre. Je crois que chaque endroit visité, chaque personne rencontrée et chaque bouchée prise s’ajouteront à mon savoir culinaire.
Dans le même principe que les autres textes, je compare celui-ci plutôt au lait qu’on incorpore graduellement à la sauce. Petit à petit, chaque goutte qui s’y ajoute la fait prendre en expansion; elle rend la sauce encore plus lisse et encore plus parfaite.
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